2009-10-18

On enlève ses chaussures avant d'entrer !!!


Même les personnes qui ne s'intéressent pas particulièrement aux coutumes japonaises ont eu ouïe de celle concernant les chaussures : Tout visiteur est prié de se déchausser avant de pénétrer dans une demeure.

Bien évidemment il ne se déchausse pas dehors mais dans un vestibule prévu à cet effet : Le Genkan.

Historique 

Les maisons bâties dans le style traditionnel présentent toutes ces "genkan", plus ou moins austères et protocolaires.

Tout d'abord, le visiteur se tient devant l'entrée pour lancer la formule invoquant l'excuse pour sa visite. Ceci lui donne le droit de faire coulisser sur son rail une des moitiés de la porte extérieure vitrée et de fouler l'aire du "genkan".

Ensuite il attend qu'une personne de la demeure crie "Hai", qui correspond à notre "Oui" national, et vienne à sa rencontre. Après avoir pris connaissance du motif amenant le visiteur, l'occupant l'invitera à se hisser au même niveau que lui, par le truchement d'une large marche de bois, le "shikidai". Ce qui implique obligatoirement l'abandon au sol du symbole de la souillure extérieure : la chaussure.

 




"Genkan" d'une maison traditionnelle 







"Genkan" de mon appartement
 


On peut dire que cette pièce joue le rôle de frontière, d'antichambre psychologique entre le monde extérieur et l'espace de vie intérieur. 

Aujourd'hui, cet espace demeure essentiel à toute habitation japonaise, les appartements dans les immeubles ont donc toujours leur "genkan", bien que plus exigu et de facture beaucoup plus simple.  Il propose au visiteur une image idéalisée de la maison, c'est pourquoi l'on y trouve un élément décoratif, fleurs, ornement, calligraphie.

Info pratique : Les règles du savoir-vivre exigent de se baisser pour réorienter vers la sortie (annonce d'une prompte retraite) les pointes des chaussures que l'on vient d'abandonner, en les disposant sagement sur le sol près de la marche, non pas en plein milieu, mais légèrement sur le côté.

Néanmoins, la jouissance de ce lieu nécessite un élément de base qui n'est autre que le logement lui même.

Même si le Japon fait partie des puissances économiques mondiales, le pays n'en reste pas moins touché de plein fouet par la crise. Ceci s'est traduit par des licenciements massifs et donc une hausse vertigineuse du chômage.

Or, à la différence de le France, un japonais qui perd son emploi n'est assuré que quelques mois. Passé ce délai il ne perçoit plus rien du tout et est donc contraint de se débrouiller comme il le peut.

La conséquence première est la perte du logement : beaucoup de chômeurs qui ont honte de s'être retrouvés dans cette situation quittent leur famille et finissent dans la rue.

Il n'est pas rare, lors de mes sorties du week-end, que je tombe sur des sans-abris qui ont élu domicile ça & là.

Ci-dessous, des clichés pris samedi après-midi lors de ma ballade au bord de la rivière Sumida dans le quartier de Asakusa

















Le phénomène est tel  que pour la première fois au Japon (janvier 2009), un village de tentes pour SDF a été créé dans le parc de Hibiya au cœur de Tokyo, à proximité du palais impérial, pour attirer l'attention du gouvernement sur le sort réservé à ceux qui perdent leur emploi.

Il existe des hôpitaux, des centres d’accueil réservés aux SDF, mais ils ne sont pas assez nombreux pour faire face à l'ampleur du phénomène. Alors, quand on voit cette réalité au détour d'une rue, quand on se rend compte qu'il existe des dizaines de milliers de personnes sans domicile au Japon, cette belle tradition qu'est le "genkan" nous parait bien dérisoire...

A bientôt

3 commentaires:

Abder a dit…

bonjour Sabrina,
Encore un poste super interessant qui mais en paralléle, les traditions culturelles et la réalité économique du Japon.
Sinon, comment vas tu? j'espére que tout va bien pour toi.
A très bientot ma Pote et pleins de bises. ;)

Sabrina Giovino a dit…

Je me suis aperçue que je n'avais jamais vraiment abordé les us & coutumes locales, c'est donc tout naturellement que m'est venu l'idée du "genkan", c'était incontournable !! Par ailleurs, j'essaie de retranscrire ce que je vis ce que je vois et ce que je ressens et c'est vrai que quand je tombe sur des sans-abri ça me fait toujours mal au coeur...j'avais juste envie de montrer la réalité de la vie, ce qu'on ne peut s'imaginer quand on est à des milliers de km.
Sinon tout va bien my friend =) Tu me manques beaucoup, je t'embrasse

tatie Marie a dit…

Cette semaine, à la télé, il y a eu un film reportage de Yahn Arthus Bertrand, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout, car il y avait de quoi se suicider, justement entre autre, sur le gaspillage de bouffe, au Japon, en parallèle dans les superettes où tous les jours ils jettent des sacs entiers de nourriture (qui doivent être retirés de la vente 2 heures avant la date de péremption) et une personne qui s'occupe des sans-abris et qui ne peut les récupérer. Mais c'est bien d'en parler, car on ne voit trop que l'image d'avant garde de ce pays.

bises et c'est super, comme d'ab, de te lire