2009-10-27

Quand Art & Education font bon ménage


Savez-vous que je suis professeur de français à Tokyo ? Je ne vous l'avais pas dit ? Ce post me donne donc l'occasion de réparer ma faute en vous racontant plus en détail en quoi consiste ma mission.

Parce que, voyez-vous, je ne suis pas un professeur ordinaire, j'entends par là que je n'enseigne pas dans une salle de classe ni devant un nombre conséquent d'élèves mais en "one to one", c.à.d. en tant que professeur particulier.

Néanmoins, je ne donne pas des cours à tout japonais désireux de parler français, loin de là, je ne travaille qu'avec les étudiants qui préparent l'examen DFLE : Didactique du Français Langue Etrangère. Ils ont tous un niveau de compréhension et d'expression plus que correct, ce qui facilite énormément les choses en terme de communication et d'échanges.

Ce n'est pas vraiment fixe comme job, ils peuvent faire appel à mes services quelques jours avant le passage de l'examen dans le but de vérifier leurs acquis et travailler sur les points qu'ils maitrisent le moins bien, ou au contraire, me solliciter régulièrement à hauteur de plusieurs heures par semaine.

C'est le cas par exemple de Kunihiko, un jeune japonais de 23 ans qui a vécu à Paris pendant une année. Il fait partie de mes étudiants réguliers, il est très sérieux et très sympa. Ce qui me fait rire chez lui c'est qu'il vient toujours avec des quantités d'exercices impressionantes ! Il prépare en parallèle différents tests de français, certains cerifiés par l'éducation nationale française et d'autres par le gouvernement japonais.

Pas plus tard qu'hier, je lui demandais :

- "Dis moi Kunihiko, pour quelles raisons fais-tu toujours appel à moi ? Il y a énormément de profs de français sur Tokyo, qui plus est avec certainement plus d'expérience que moi !"
- "Oui peut-être, mais toi je comprends toutes tes explications, c'est clair quand tu me parles. En plus, je te trouve trop drôle !"
- "Ah d'accord...je ne sais pas encore si je dois prendre ça comme un compliment ou s'il faut que je me remette sérieusement en question mais merci quand même"
- "AH AH AH, c'est pour ça que tu me fais rire"
- "Oui bon ça va ! "

C'est plutôt détendu comme façon d'étudier mais ça a l'air de porter ses fruits donc pourquoi changer !

Par ailleurs, ce travail me permet de gagner relativement bien ma vie tout en ayant du temps pour moi. J'en profite alors pour parfaire mes connaissances en photographie et partir à la recherche de lieux susceptibles de nourrir mon imagination.

J'aime parcourir les rues de la ville munie de mon appareil, il ne me quitte que très rarement. Pour la peine, je me suis équipée d'un sac spécialement conçu pour les gros appareils photo, zooms et autres accessoires.

Pas plus tard que la semaine dernière, à une heure ou le soleil décline, je suis partie en direction de Yokohama (ville collée à Tokyo) afin de prendre des clichés de nuit. Oui, mais qui dit "clichés de nuit" dit inévitablement "trépied", sinon il est impossible de réussire de belles photos !

Si vous m'aviez vu avec mon sac à dos, mes bottes, mon trépied à l'allure d'un bazooka (d'un certain âge déjà donc comprenez par là lourd & volumineux) on aurait dit Lara Croft en moins bien...Mais le look est loin d'être important quand il est sujet de passion pas vrai ? Je devrais aussi essayer de me prendre en photo pendant que je suis absorbée par un bouquin de Haruki Murakami, il y aurait de que quoi rire je vous assure !!

Tout ça pour dire que je suis en quête perpétuelle d'inspiration, de création & de nouvelles perspectives. Ca parait peut-être confus ou incompréhensible d'un oeil extérieur, mais cette ville et son environnement sont propices à développer les qualités artistiques ainsi que la créativité, du moins en ce qui me concerne.

A noter qu'il s'agissait de mon premier essai avec trépied et j'avoue que je m'attendais à ce que ce soit plus compliqué que ça.

Mes premiers pas de photographe de nuit



Le côté sombre de la nuit contraste avec les milles lumières de la ville. Ces lumières qui une fois reflétées dans l'eau laissent apparaître un nouveau visage...Je me suis laissée porter par cette vague de couleurs.


REFLECTIONS

Une fois l'inspiration en marche, on ne peut s'arrêter. Je regorge à présent de milliers d'idées plus fantaisites les unes que les autres, je n'aurais jamais penser pouvoir faire preuve d'autant d'imagination, mon esprit grouille de projets que toute une vie ne pourrait satisfaire.

Je me ferai un plaisir de les partager avec vous ;)

A bientôt

PS : "reflections" est le mot anglais pour "reflets"

2009-10-18

On enlève ses chaussures avant d'entrer !!!


Même les personnes qui ne s'intéressent pas particulièrement aux coutumes japonaises ont eu ouïe de celle concernant les chaussures : Tout visiteur est prié de se déchausser avant de pénétrer dans une demeure.

Bien évidemment il ne se déchausse pas dehors mais dans un vestibule prévu à cet effet : Le Genkan.

Historique 

Les maisons bâties dans le style traditionnel présentent toutes ces "genkan", plus ou moins austères et protocolaires.

Tout d'abord, le visiteur se tient devant l'entrée pour lancer la formule invoquant l'excuse pour sa visite. Ceci lui donne le droit de faire coulisser sur son rail une des moitiés de la porte extérieure vitrée et de fouler l'aire du "genkan".

Ensuite il attend qu'une personne de la demeure crie "Hai", qui correspond à notre "Oui" national, et vienne à sa rencontre. Après avoir pris connaissance du motif amenant le visiteur, l'occupant l'invitera à se hisser au même niveau que lui, par le truchement d'une large marche de bois, le "shikidai". Ce qui implique obligatoirement l'abandon au sol du symbole de la souillure extérieure : la chaussure.

 




"Genkan" d'une maison traditionnelle 







"Genkan" de mon appartement
 


On peut dire que cette pièce joue le rôle de frontière, d'antichambre psychologique entre le monde extérieur et l'espace de vie intérieur. 

Aujourd'hui, cet espace demeure essentiel à toute habitation japonaise, les appartements dans les immeubles ont donc toujours leur "genkan", bien que plus exigu et de facture beaucoup plus simple.  Il propose au visiteur une image idéalisée de la maison, c'est pourquoi l'on y trouve un élément décoratif, fleurs, ornement, calligraphie.

Info pratique : Les règles du savoir-vivre exigent de se baisser pour réorienter vers la sortie (annonce d'une prompte retraite) les pointes des chaussures que l'on vient d'abandonner, en les disposant sagement sur le sol près de la marche, non pas en plein milieu, mais légèrement sur le côté.

Néanmoins, la jouissance de ce lieu nécessite un élément de base qui n'est autre que le logement lui même.

Même si le Japon fait partie des puissances économiques mondiales, le pays n'en reste pas moins touché de plein fouet par la crise. Ceci s'est traduit par des licenciements massifs et donc une hausse vertigineuse du chômage.

Or, à la différence de le France, un japonais qui perd son emploi n'est assuré que quelques mois. Passé ce délai il ne perçoit plus rien du tout et est donc contraint de se débrouiller comme il le peut.

La conséquence première est la perte du logement : beaucoup de chômeurs qui ont honte de s'être retrouvés dans cette situation quittent leur famille et finissent dans la rue.

Il n'est pas rare, lors de mes sorties du week-end, que je tombe sur des sans-abris qui ont élu domicile ça & là.

Ci-dessous, des clichés pris samedi après-midi lors de ma ballade au bord de la rivière Sumida dans le quartier de Asakusa

















Le phénomène est tel  que pour la première fois au Japon (janvier 2009), un village de tentes pour SDF a été créé dans le parc de Hibiya au cœur de Tokyo, à proximité du palais impérial, pour attirer l'attention du gouvernement sur le sort réservé à ceux qui perdent leur emploi.

Il existe des hôpitaux, des centres d’accueil réservés aux SDF, mais ils ne sont pas assez nombreux pour faire face à l'ampleur du phénomène. Alors, quand on voit cette réalité au détour d'une rue, quand on se rend compte qu'il existe des dizaines de milliers de personnes sans domicile au Japon, cette belle tradition qu'est le "genkan" nous parait bien dérisoire...

A bientôt

2009-10-14

Un air de vacances


Cela va faire maintenant une semaine et demi que je suis arrivée. Si l'on considère que dans un laps de temps d'une semaine il y a un week-end alors la déduction est simple : un week-end est déjà passé.

AAHHH "week-end". Synonyme de loisirs, temps libre et autre(s) plaisir(s). Celui-ci fut particulièrement doux & ensoleillé, au moins 25°C. Le programme ? Lunettes de soleil / appareil photo / sites à visiter et le tour est joué !

Me voilà donc partie en vadrouille accompagnée de ma très chère moitié ! On a marché marché marché et encore marché...(°0°) tout ça pour pouvoir assouvir une de nos passions : la photographie. 

On s'est dit "Bon ! On part de la maison à pieds et on avise !" Le genre d'idées qui amène inévitablement des ampoules et qui réduit les jambes en compote.

Nous sommes d'abord allés du côté de la Tour de Tokyo et du temple situé juste en contrebas : le 三縁山増上寺 c.a.d. "San'en-zan Zojoji Temple" (un temple boudhiste)


 

Ayant en main un nouvel appareil photo beaucoup plus performant que mon extra plat numérique, j'ai pu me régaler !



Après avoir passé plus d'une heure et demie au sein du temple, nous avons pris la direction du 浜離宮恩賜庭園 c.a.d. "Hama-rikyū Onshi Teien" ou si vous préférez "Jardin du palais isolé de la plage, don impérial". 

Il est vrai que le nom est assez difficile à retenir mais il tire son sens de part sa situation géographique. Il s'agit d'un jardin de promenade situé en face de la baie de Tokyo. Il existe depuis le XVIIème siècle et se divise en 2 parties : la plus ancienne (époque Edo) au sud, centrée sur l'ancien jardin du daimyo, et où se trouve une lagune qui se remplit à marée haute, et un jardin plus récent au nord, aménagé durant l'ère Meiji.

A ses débuts, ce jardin faisait partie d'une villa de la famille Tokugawa  puis a été ouvert au public au milieu du XXème siècle.



A noter qu'entre ses 2 sites de toute beauté, nous avons fait une petite escale en face de la baie histoire de prendre un peu l'air marin...

 

Cette journée, plus qu'intense, n'a en rien entamé notre énergie puisque tout juste nos appareils photo déposés à l'appartement, nous avons filé à Shibuya afin de dénicher des chaussures pour Miguel !

面白かったね !!

A la prochaine

2009-10-07

Tokyo me revoilà !!

Enfin arrivée à la maison !! Il était temps...

Je suis arrivée à l'aéroport Narita le 05 octobre à 14h exactement, et sous la pluie bien évidemment...Dès la douane passée je me suis précipitée au comptoir "baggage delivery" pour qu'ils puissent me livrer le lendemain matin, ensuite un billet de train et hop direction Tokyo !!

De là je prends un taxi pour me rendre à mon appart' (il pleuvait assez fort je me suis donc dit qu'il valait mieux ne pas marcher sur les trottoirs glissants de la capitale avec mes nouvelles chaussures à talon...oui je sais quelle idée j'ai eu de porter des chaussures pareilles...mon excuse ? Je suis une fille après tout !! )

Etant donné que je n'avais pas les clés de chez moi, Miguel était censé m'attendre à la maison mais bien évidemment ça aurait été trop beau que tout se passe comme prévu...

C'était le 1er jour de cours après un break de 3 semaines, l'école avait organisé la visite d'une usine de fabrication de monnaie et il pensait sincèrement que ça finirait assez tôt mais ce ne fut pas le cas !! Me voila donc "tite seule" comme une pauvrette dans le hall de mon immeuble à regarder passer les gens qui eux devaient se dire "elle attend le déluge ou quoi..."

Bon, je vais pas en rajouter vu que je n'ai attendu que 20 minutes, c'était pas non plus la mer à boire mais au moins une bonne flaque d'eau ! (jeu de mots à effacer de sa mémoire tout de suite car vraiment bidon)

Quelques clichés :




 
 
 

Même si ce n'est pas grand ça me plait bien ici ! Une fois la valise livrée nous avons pu passer à l'étape primordiale qui est "comment faire pour tout rentrer bon sang de bonsoir !!" Sans vouloir me lancer des fleurs, même s'il est vrai que je le fais assez souvent, ma maniaquerie a du bon par certains moments et là j'avoue qu'elle s'est avérée très très utile : on a tout casé / rangé / ordonné bien comme il faut =)

Maintenant il ne me reste plus qu'à mener ma petite vie de tokyoïte, une vie ordinaire à des milliers de km de la France mais toujours avec mon lot quotidien d'expériences et d'anecdotes plus ou moins drôles.

La dernière en date ? Avant de partir je me suis achetée le produit pour mes lentilles de contact, la pharmacienne m'a vendu une bouteille modèle réduit histoire de ne pas prendre trop de place mais le problème est qu'il s'agissait d'un produit de NETTOYAGE et non pas un 2 EN 1. Je m'en suis rendue compte lorsque j'ai mis la lentille sur mon oeil droit...rétine brûlée + dessous de paupière brûlée. J'étais à 2 doigts d'aller à l'hôpital mais je ne suis pas très chaude à l'idée de me faire ausculter par les médecins nippons donc je me suis débrouillée comme je le pouvais. J'ai donc un oeil rouge sang et la nuit il sécrète une espèce de substance liquide qui à mon avis relève d'une guérison lente mais certaine. Aujourd'hui par exemple il est beaucoup moins rouge et moins douloureux.

Je reste optimiste !! De toute façon je n'ai pas le choix alors autant l'être ;)

A bientôt